Sur les murs

L’exposition de bande dessinée constitue aujourd’hui une manifestation identifiée par le public et légitime au sein de l’agenda culturel. La question ne se pose plus de savoir s’il faut exposer la bande dessinée ; elle peut être désormais remplacée par une nouvelle interrogation : Pourquoi et comment exposer la bande dessinée ?

Pour y répondre, on peut exposer les bandes dessinées des autres, dans des expositions thématiques (BD=MC2, Femzine, la Grande Expo Biscoto, Vues du pont…) ou monographiques (Breccia, petites et grandes histoires argentines, etc…). Ce travail de commissariat et de scénographie ouvre sans cesse de nouvelles questions et de nouvelles perspectives…

On peut aussi créer des expositions de bande dessinée hors les livres. Avec AlbertoProd, nous expérimentons une création narrative qui fait appel aux codes de la bande dessinée et mobilise les compétences et habitudes de lecture de bande dessinée que possède chaque visiteur tout en se déployant hors des livres : nous écrivons une bande dessinée qui s’inscrit dans un espace habité par les corps des lecteurs ; des récits dont l’écriture autant que la lecture sont étroitement déterminés par la topographie, les caractéristiques physiques et la nature du lieu ; des récits qui se déploient sur les murs, les sols, les plafonds, voire dans les meubles ou en volume, tout en restant indubitablement des récits de bande dessinée, fondés sur la séquentialité des images. 

Et ça donne Murmures aux Archives (Archives nationales, 2020) et En passant par la Défense (La Défense, 2023 : à voir sur le site d’AlbertoProd. Murmures aux Archives est aussi visible en visite virtuelle


Dans le cadre du Festival de la bande dessinée BDFIL de Lausanne, j’ai créé, avec AlbertoProd et l’association Stimuli l’exposition BD=mc², les sciences en cases, visible du 21 juin au 24 septembre 2023. Cette exposition propose un parcours dans la ville en dix étapes sur le dialogue qu’entretient la bande dessinée avec les sciences. Nous avons été très gourmands pour présenter près de 70 oeuvres de plus de 70 artistes de BD européens ainsi que nord-américains, couvrant la production éditoriale des débuts de la bande dessinée jusqu’à aujourd’hui, du Savant Cosinus à Gaston Lagaffe, depuis le blog humoristique de Marion Montaigne à la symphonie graphique de Clément Vuiller. Comissariat : Pierre-Laurent Daures et Laurence Bordenave ; design graphique Marie Jamon. Plus de détails sur le site de BDFIL : https://lnkd.in/dD2CRe25.
Evénement produit en partenariat avec l’Université de Lausanne, L’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, Lausanne Tourisme, la Cathédrale Notre-Dame de Lausanne, le Palais de Rumine, la Fête de la Musique, la Nuit des Musées de Lausanne et Pully ainsi que le pôle muséal PLATEFORME 10.
Merci à Gaëlle Kovalivet Léonore Porchet, les co-directrices de choc de nous avoir offert cette opportunité !
Et merci à l’ami Etienne Lécroart pour cette belle affiche

Une grande expo pour faire connaissance avec « Biscoto, le journal comme pour les grands, en plus marrant » et les autrices et auteurs qui le préparent chaque mois. C’est aussi l’occasion de découvrir comment travaillent ces artistes de la bande dessinée et d’en apprendre plus sur la fabrication d’un journal La grande expo Biscoto met en lumière les créations des artistes tout en levant le voile sur leur travail : qui fait les bandes dessinées ? comment on fait une bande dessinée ? à quoi ressemble un atelier de dessinatrices et dessinateurs ? Comment on fait un journal ? En entrant dans les petites maisons du village Biscoto, vous saurez tout ! Et ce n’est pas tout : dans La grande expo Biscoto, on peut lire, regarder, se prendre en photo, jouer… et dessiner sa propre couverture de Biscoto. Présentée à la Ferme du Buisson-Scène Nationale de Marne-La-Vallée en juillet 2021
Le prix Artemisia a été créé en 2007 par Chantal Montellier et Jeanne Puchol en réaction au manque de reconnaissance des talents féminins par le festival d’Angoulême et la presse des années 80 et suivantes. Artémisia Gentileschi, née le 8 juillet 1593 à Rome et morte à Naples vers 1656, est la première femme peintre à avoir été répertoriée dans l’histoire de l’art. Elle a laissé derrière elle une œuvre considérable. La vie de l’artiste caravagesque est en elle-même un symbole et un repère pour toutes les femmes s’essayant au difficile métier de plasticienne et de bédéaste. L’association et le prix Artémisia lui rendent hommage à travers des créations à sa mémoire, et les œuvres des lauréates exposées dont les albums témoignent de leur engagement aux côtés des femmes et de leurs combats. Une exposition produite par l’Association Artemisia Commissariat : Pierre-Laurent-Daures, pour AlbertoProd
Cette exposition aborde la misogynie dans ses innombrables nuances, de ses versants les plus subtils aux plus flagrants, tout en tenant compte de son caractère systémique et historique.
Pour la visite virtuelle : cliquer sur l’image https://www.albertoprod.fr/vivantes-nous-nous-voulons
Vues du pont – quand la bande dessinée rencontre le patrimoine
Cité du mot – Prieuré de la Charité sur Loire, du 11 juillet au 1er nov 2020
petites et grandes histoires argentines – Alberto Breccia, maître de la bande dessinée Festival BD Colomiers – médiathèque José Cabanis du 12 oct 2018 au 20 janvier 2019
Rond_point_Flyer_72dpi
Rond Point, au FIBD 2014
Exposition
Alberto Breccia
Les mondes fantastiques
Du 5 au 28 avril 2019
Pulp Festival
La Ferme du Buisson
de cases en tranchées logo
De cases en tranchées – la Grande Guerre en bande dessinée, inaugurée à la Sainte Chapelle du Château de Vincenne
escale_a_bruxelles-cadre-ok
D’ici, de là-bas (Nous avons parcouru le monde), à Angoulême, Bruxelles, Montrouge…
affiche_shebam
Shebam ! Blow ! Pop ! Sciences !, à la Maison des ensembles (juin 2013)
Affiche migrants LD
Migrant-e-s : Quand la bande dessinée s’engage, à l’institut français de Finlande
"Les BD qui font la différence : Des fourmis dans les jambes" à la médiathèque Hélène Berr
« Les BD qui font la différence : Des fourmis dans les jambes »
à la médiathèque Hélène Berr
Logo carnets3
L’ART NAIT DANS LES CARNETS, exposition de carnets durant le find 2011
5 sens et 9ème art – Centre René Goscinny / CNAM / bibliothèque Chaptal / Médiathèque Marguerite Yourcenar – 2016 2017

Modes d’Emploi lors du FIBD 2013

ligne07
Ligne 07 (exposition dans un autobus) lors du FIBD 2013
REGARDS D'ECOLE au Musée de la bande dessinée
REGARDS D’ECOLE
au Musée de la bande dessinée
affiche davodeau
Régie de l’exposition ETIENNE DAVODEAU – DESSINER LE TRAVAIL, à Poitiers (jan 2011)
couv Daures Expo BD 1
Affiche_bd-min-4
DES FIGURES DANS LA GUERRE à l’institut Français de Finlande novembre 2014

Comment montrer dans l’espace ce qui est a priori conçu pour le livre ?

Cette question, je l’ai abordée au travers d’une pratique del’exposition de bande dessinée, de l’organisation à la régie, en passant par le commissariat et la scénographie :

C’est aussi l’objet d’un travail de recherche, mené dans le cadre du Master BD de l’EESI et de l’université de Poitiers (Enjeux et stratégies de l’exposition de bande dessinée, mémoire de recherche soutenu en septembre 2011 devant Thierry Groensteen, Lambert Barthélémy  et Jean-Marc Thévenet.

L’objet de ce travail de recherche est de déterminer les enjeux que peut servir une exposition de bande dessinée, de clarifier les objectifs qu’elle vise et de qualifier les stratégies d’exposition (notamment en termes de scénographie et de commissariat) les plus adaptées. Ces questions sont abordées au travers de l’étude d’une matière concrète et vivante :

  • des entretiens avec des acteurs impliqués dans des expositions de bande dessinée : Etienne Davodeau, Jochen Gerner, François Schuiten, Jean-Marc Thévenet, Marc-Antoine Mathieu…
  • une sélection de 17 expositions couvrant la période de 1967 à nos jours (l’exposition Bande dessinée et figuration narrative présentée au Musée des arts décoratif en 1967 étant considérée comme point de départ de l’histoire de l’exposition de bande dessinée en France). Cette sélection offre une perspective historique tout en concentrant le regard sur la période récente afin d’établir un « état de l’art » le plus représentatif possible.

La première partie (1. Le phénomène des expositions de bande dessinée), s’attache à montrer comment un fait culturel s’est installé depuis 1967. Accompagnant l’essor des festivals, les expositions de bande dessinée ont d’abord été marquées par un style très particulier, qualifié par Jean-Christophe Menu, de « tendance hyperscénographique », qui a connu son apogée au tournant des années 90, avec l’exposition Opéra Bulles, tendance qui reste encore vive aujourd’hui. Nous verrons que dans les mêmes années, les progrès de la reconnaissance de la bande dessinée comme art officiel, accompagnés de l’affirmation de leurs goûts par certains amateurs occupant des positions sociales élevées, ont ouvert les portes des institutions culturelles, conduisant l’exposition de bande dessinée vers de nouveaux territoires, jusqu’à la friction avec l’art contemporain sur des scènes très pointues.
Afin d’étudier les différents projets d’exposition représentés dans le corpus étudiés, il a été nécessaire de définir un certain nombre de concepts et de forger quelques outils d’analyse : dans la deuxième partie de ce mémoire (2. Les objets exposés, typologie et valeurs), nous établissons une typologie des objets d’exposition permettant d’interroger et de qualifier les différentes fonctions qu’ils peuvent remplir dans le cadre d’une exposition ou, plus précisément, les valeurs qu’il porte.
Ces bases méthodologiques nous permettent d’aborder dans une troisième partie (3. Les enjeux de l’exposition de bande dessinée) l’étude des enjeux associés à une exposition de bande dessinée et surtout, l’analyse des stratégies susceptibles de servir ces enjeux. Nous mettons à jour 3 trois types d’enjeux :

  • L’enjeu didactique correspond à l’intention de partager un savoir avec le public et d’enrichir une expérience de (re-)lecture à venir. il accepte des stratégies fondées sur l’approche sensible, aussi bien que sur l’approche scientifique
  • L’enjeu documentaire mise sur la faculté de la bande dessinée à rendre compte de la réalité. Il appelle conditions d’expositions particulières.
  • L’enjeu esthétique correspond quant à lui au désir d’offrir au visiteur une expérience esthétique distincte de l’expérience de lecture. Nous examinons trois stratégies mises en œuvre à cet effet : l’extrapolation, qui consiste à magnifier une facette de l’œuvre de bande dessinée en comptant sur sa capacité à provoquer seule une émotion ; la confrontation, qui mise sur l’effet de révélation que peut produire la juxtaposition de la bande dessinée avec une autre forme d’art ; et enfin la création, qui mobilise le talent de l’auteur dans un geste créatif nouveau et dédié aux conditions de l’exposition. Nous citons à cet égard les travaux de plusieurs artistes proposant des oeuvres de bande dessinée conçues pour l’exposition. Ces propositions sont les fruits d’artistes curieux, engagés, ouverts à d’autres formes, et capables de se départir des contraintes du classicisme sans pour autant perdre la maîtrise de leur art, l’art de raconter par l’image.

En rendant possible une bande dessinée « hors les livres », les expositions ont certainement contribué à ouvrir des perspectives rafraichissantes à l’ensemble de la bande dessinée.

Ce mémoire est lisible sur le site de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image

(certains des entretiens retranscrits dans les annexes ont donné lieu à une relecture et une réécriture avec les personnes intéressées. Ces versions, validées par les interviewés figure sur le site du9.org)

Laisser un commentaire